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L’Islande : Une insertion originale dans la mondialisation (1/4)

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Répartition de l’utilisation de l’énergie géothermique en 2005.

Production d’énergies et ressources uniques :

L’Islande est un petit pays au peuple millénaire, aujourd’hui peuplé de 320 000 habitants. Il occupe un territoire aux grandes ressources énergétiques. Les energies renouvelables lui permettent en immense majorité de couvrir la demande du territoire. Cette exploitation est facilitée par un contexte géodynamique et géologique unique à l’échelle mondiale ; ce contexte offre à ce pays une possibilité originale et étonnante de s’insérer dans la mondialisation, sans être porté par une politique de conquête économique et géopolitique.

La consommation d’énergie primaire du pays en 2012 provenait pour 86,9 % d’énergies renouvelables (géothermie 69,3 %, énergie hydraulique 17,6 %) et pour 13,1 % de combustibles fossiles (principalement le pétrole : 11,5 %).

Plus de 10 % de l’île est recouverte de glaciers, parmi les plus grands d’Europe. Ces glaciers sont la source de nombreuses rivières glaciaires, au débit relativement important (jusqu’à une centaine de mètres cubes par seconde) dès leur source, à plusieurs centaines de mètres d’altitude. La combinaison de ces caractéristiques donne à ces rivières un important potentiel énergétique transformable en production hydroélectrique. Elle offre également à l’Islande de nombreuses cascades, figurant parmi les attractions appréciées des touristes, ce qui a entraîné la protection de plusieurs rivières, et a augmenté le soft power et l’attractivité de cette région. On y a, de plus, interdit l’exploitation hydroélectrique pour favoriser le tourisme. Elle bénéficie aussi d’un contexte géodynamique, avec de nombreuses zones éruptives, favorable à l’exploitation géothermique ; c’est une des zones les plus actives volcaniquement au monde, avec plus de 200 volcans. Les fortes précipitations font percoler l’eau dans les terres et produisent des remontées de sources chaudes exploitables.

L’Islande est autosuffisante énergétiquement grâce à la géothermie et l’hydroélectricité. Le potentiel énergétique du pays est cependant bien supérieur aux besoins énergétiques de la population . L’Islande a donc envisagé la construction d’un câble sous-marin de plusieurs milliers de km, permettant d’exporter son énergie excédentaire vers l’Europe. Face au coût et à la distance trop grande jusqu’aux premières autres terres, l’Islande a préféré inviter les industries à haute consommation énergétique à investir dans le pays. Le grand nombre d’usines d’aluminium installées depuis 40 ans en Islande reflète cette stratégie économique.
Cependant, la politique économique du gouvernement islandais, qui consiste à attirer dans le pays des industries fortement consommatrices d’énergie, comme la production d’aluminium primaire, a eu plusieurs conséquences, dont une hausse des émissions de CO2. À elle seule, l’usine d’aluminium de Norðurál a fait augmenter de 11 % les émissions islandaises.

L’Islande présente donc des conditions géologique et géodynamique favorables au développement des énergies renouvelables avec à terme un projet de suppression de la consommation d’hydrocarbures d’ici à 2050. Ces zones (cascades, sources chaudes, volcans), sont devenues des attractions touristiques et permettent le rayonnement mondial de l’île. Elles attirent aussi les entreprises qui profitent des faibles coûts énergétiques, ce qui renforce la puissance économique et en fait l’un des pays au PIB par habitant le plus élevé. Ainsi, loin des grandes puissances, ce pays à la faible population propose une insertion originale dans la mondialisation et un modèle dont nos pays, à des échelles et avec des contextes et des contraintes différents, pourraient s’inspirer.

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